De la symbolique funéraire du XIXe siècle au cimetière Saint-Roch
Le cimetière Saint-Roch, créé en 1810, est témoin de l’apogée de l’art funéraire au XIXe siècle. La symbolique funéraire est omniprésente dans toute son enceinte. Le long de ses allées, épitaphes, symboles et ornementations s’égrainent sur les stèles et les dalles des sépultures. Ils sont un précieux témoignage sur la vie des défunts, sur leurs état civil, métier, titres honorifiques, qualités, appartenance politique ou philosophique, vocation religieuse.
Les pierres tombales sont agrémentées d’ornementations ou motifs présentant soit un aspect purement esthétique, soit une signification plus profonde. La mythologie et les rites antiques, la chrétienté, la franc-maçonnerie et, plus prosaïquement, le langage des fleurs sont sources d’inspiration pour les décorations.
Mais ce mélange des genres, entre symbolisme emprunté à différents cultes ou courants de pensées et simple décoration ornementale, rend souvent perplexe le visiteur à la recherche d’une interprétation spirituelle, romantique, idéologique ou en lien avec le métier ou la personnalité du défunt.
Toutes les photos illustrant cette rubrique ont été prises au cimetière Saint-Roch (sauf indications contraires).
(*) L’astérisque renvoie à un autre symbole évoqué dans la liste.
Acanthe
Motif décoratif, l’acanthe est une plante d’origine méditerranéenne. Ses feuilles piquantes et très découpées sont empruntées à l’art gréco-romain. Elle est très présente dans l’ornementation funéraire car ses piquants symboliseraient les épreuves de la vie auxquelles la mort met un terme.
A gauche : acanthe surmontée d’une pensée
Agneau
Très tôt chez les Chrétiens, Jésus-Christ a été associé à l’image de l’agneau, animal symbolisant l’innocence. Aussi, Jean le Baptiste, le Prophète, désignera Jésus en disant : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ». Pour les Chrétiens, Pâques fête la résurrection du Christ, victime innocente sacrifiée pour racheter les péchés des Hommes. Il est représenté alors sous la forme d’un agneau en position couché au moment du sacrifice, comme sur la photo du bas-relief ci-dessous.
L’agneau peut symboliser également la soumission du Chrétien à la volonté de Dieu, ainsi que les vertus d’innocence, de douceur et de bonté.
L’Alpha et l’Oméga
Il s’agit de la première et de la dernière lettre de l’alphabet grec qui symbolisent : le début et la fin de tout ce qui existe, l’éternité, le cycle du temps, la fin qui rejoint le commencement.
Ces lettres font référence à des textes bibliques par lesquels Dieu s’exprimerait ainsi : « Je suis l’alpha et l’oméga de toute chose ».
A droite : alpha et oméga surmontées d’une étoile à 5 branches
Les lettres de l’alpha et l’oméga accompagnent, souvent, comme ci-dessous, le chrisme qui est un symbole chrétien formé des deux lettres grecques Χ et Ρ qui symbolisent le Christ.
Amphore
Dans l’Antiquité, les amphores étaient utilisées pour contenir les huiles parfumées servant à la toilette funéraire ; elles étaient aussi déposées en offrande dans les tombeaux.
Dans certains ouvrages, l’amphore est comparée à l’urne(*) dans les symboles funéraires.
Ancre
L’ancre est une des trois représentations des vertus théologales (qui ont principalement Dieu pour objet), avec le cœur et la croix ; elle symbolise l’Espérance tandis que le cœur figure la Charité et la croix la Foi.
Souvent l’ancre comporte, comme ici, une corde cassée qui peut être interprétée comme la représentation de la vie à laquelle la mort est venue mettre un terme.
Plus communément, on trouve l’ancre sur la sépulture de marins ou de mariniers.
Ange
Il est le messager de Dieu, l’exécuteur de la volonté divine. Les bras étendus et les ailes déployées, l’ange peut prendre sous sa protection les personnes dont les identités sont gravées dans l’épitaphe. Il peut être représenté venant déposer une fleur sur la tombe, souvent la rose, signe d’amour ou laissant tomber des roses du ciel.
Pleurant ou alangui, l’ange exprime le chagrin lié à la disparition de l’être cher.
L’ange peut prendre les traits – visage et corps – d’un jeune homme ou d’une jeune fille selon la personne inhumée ; il transfigure ainsi le défunt.
Bâton d’Esculape
Le serpent s’enroulant le long d’un bâton est appelé bâton d’Esculape. Il singularise la tombe d’un médecin ou d’un pharmacien.
Le bâton est le symbole du voyageur universel, de l’activité du médecin qui promène à travers le monde sa science secourable.
Le serpent est symbole de vie et de vigueur parce qu’il possède la propriété de changer de peau, retrouvant ainsi l’apparence de la jeunesse. Le serpent, en s’insinuant dans les fissures de la Terre, était sensé en connaître tous les secrets, les vertus des plantes médicinales voire les mystères entourant la mort !
Ci-dessous : serpent entourant un bâton d’esculape à l’horizontal
Caducée d’Hermès ou de Mercure
Attribut d’Hermès ou Mercure, le caducée est constitué d’une baguette entourée de deux serpents entrelacés et surmontée de deux courtes ailes. Il est le symbole de la paix, du commerce, des voyageurs et des bergers.
Il est souvent confondu avec le Bâton d’Esculape.
Chouette ou hibou
La chouette qui vit la nuit, est surtout présente sur la sépulture de libres penseurs car elle symbolise Athéna, la déesse de la sagesse en Grèce. Elle est donc une personnification de la connaissance qui parvient à vaincre l’ignorance et ses ténèbres. Elle représente la sagesse et la clairvoyance.
Il est commun de confondre la chouette et le hibou. Pour les Romains, le cri du hibou présageait une mort prochaine. Cet oiseau était également associé à la sorcellerie et à la magie noire. Parce qu’il n’affronte pas la lumière du jour, le hibou est également symbole de tristesse, d’obscurité, de retraite solitaire et mélancolique. On l’associe aussi à l’occultisme, et on lui prête le pouvoir de voir les défunts dans l’au-delà.
Les représentations ci-dessus à Saint-Roch sont des hiboux.
Chrysanthème
Voir article ci-dessous rédigé par Monique Bonvallet, généalogiste de l’association (document pdf à télécharger) :
Colombe
Symbole de pureté, la colombe est messagère de Dieu. Elle symbolise l’envolée de l’âme vers le ciel.
A gauche : colombe à l’olivier ; à droite : « Elle a pris son essort (sic) vers les cieux »
La colombe et le lys(*) sont souvent associés pour orner la tombe d’un jeune enfant.
Dans certaines représentations, une colombe vient briser d’un coup de bec la tige d’une rose(*), la fleur représentant l’âme de l’enfant que l’oiseau acheminera au Ciel.
A gauche : le lys brisé est posé sous les pattes de la colombe ; à droite : la colombe s’envole avec une rose brisée dans le bec.
Sur des tombes protestantes, on trouve la croix huguenote dont la colombe représente l’Esprit-Saint descendu sur les disciples lors de la Pentecôte.
Colonne brisée
La colonne brisée évoque la mort prématurée d’un jeune homme ou d’un homme en pleine force de l’âge, généralement entre 16 et 40 ans, et, plus rarement, la mort prématurée d’une jeune femme, la colonne pouvant être un symbole phallique.
Des monuments aux morts ou des tombes de soldats des deux guerres mondiales peuvent épouser logiquement la forme de la colonne brisée.
La colonne tronquée a été adoptée par les libres penseurs pour signaler certaines de leurs sépultures (ceux d’inspiration maçonnique sont associés à des branches d’acacia, des compas et des équerres(*)).
3ème photo : sur la tombe d’un soldat mort à la guerre de 14-18
Compas, équerre et autres outils
Ils singularisent la sépulture du tailleur de pierre, du marbrier, du sculpteur, du maître de carrière, de l’entrepreneur de travaux, de l’architecte… Ces instruments de mesure sont souvent accompagnés d’outils plus spécifiques : maillet, ciseau, pointe, boucharde, plans, fil à plomb et autres instruments de mesure (mètre, étalon…).
Sur la tombe des francs-maçons, le compas et l’équerre deviennent les instruments purement symboliques de la construction du « temple de l’humanité », selon une expression commune à cette société et au compagnonnage. Ils peuvent avoisiner une étoile(*) à cinq branches avec la lettre G, au centre.
Couronne
Elle symbolise l’éternité par le cercle qu’elle épouse, forme sans début ni fin. Elle peut être constituée de tiges de pavot (sommeil éternel), de laurier ou de chêne (gloire), de lierre (éternité et attachement), d’immortelles (immortalité), de pensées (souvenir, libre pensée), de roses (amour), de fleurs variées…
La couronne végétale est souvent, à la fois mort et promesse de naissance, par le fait que la tige a été arrachée ou coupée, mais qu’elle comporte fruits ou fleurs. La couronne mortuaire peut symboliser la promesse de la vie éternelle et la couronne du Christ.
Coussin
Le coussin est un attribut du sommeil et par la même du sommeil éternel, de la mort.
Crâne et os allongés
Le crâne et les os allongés sont l’image réaliste de ce qui restera du corps, dans l’attente de la Résurrection.
Vers la fin de l’Empire romain et jusqu’au Moyen-Âge, les Chrétiens utilisaient fréquemment le crâne et les os croisés pour symboliser la mort. Ce symbole a été découvert dans diverses catacombes chrétiennes en Italie, dont certaines remontent aussi loin que le deuxième siècle. Tout au long du Moyen Âge, beaucoup de gens, chrétiens ou non, ont commencé à faire sculpter ce symbole sur leurs pierres tombales. On le retrouve aussi sur les dalles funéraires des églises anciennes. Au XIXe et, surtout au XXe siècle, ce symbole a été largement supplanté par la croix.
Le crâne et les os croisés ont également été considérés à Rome comme représentant « memento mori », un terme latin qui peut signifier « souviens-toi que tu vas mourir ».
D’après une ancienne légende chrétienne antérieure au Moyen-Âge, le crâne d’Adam aurait été déposé dans une grotte sur le mont Golgotha (voir aussi « Rocaille« ), ce qui signifie « lieu du crâne » en grec ancien, à Jérusalem. Au moment où Jésus mourait, crucifié au sommet du Golgotha, la terre trembla, le rocher se fissura. Ainsi, le sang de Jésus en croix, nouvel Adam, a pu couler sur le crâne du premier Adam, réalisant ainsi le salut de l’humanité, depuis ses toutes premières origines. C’est la même légende qui explique qu’un crâne humain apparaît sous les pieds de Jésus sur certains de nos crucifix.
Autre interprétation : si les os allongés sont des tibias, ils suggèrent la terre, en opposition au crâne, l’organe le plus proche du ciel.
Présent dans différentes manifestations à travers les traditions funéraires, la représentation du crâne et des os croisés est néanmoins un message universel clair : « chaque être humain meurt ».
A gauche : stèle d’un prêtre à Saint-Roch.
A droite : la surprenante entrée du cimetière à Saint-Denis-sur-Coise (42) qui reprend le symbole du crâne et des os accompagné d’une épitaphe traduite du latin « Hodie Mihi, Cras Tibi »
Épée
Présente sur la sépulture des soldats morts au combat, elle suggère alors la bravoure et la défense de la Patrie. Elle orne plus souvent la tombe d’officiers que de simples militaires.
L’épée brisée représentée ici, sur le monument de la guerre de 1870, représente la défaite et la mort des soldats.
Sur la tombe d’un homme de loi, elle évoque la Justice qui sépare les bonnes actions des mauvaises. Elle sera, dans certains cas, l’axe qui soutient les plateaux de la balance.
Étoile
A cinq branches (pentagramme) ou à six branches (hexagramme), l’étoile est source de lumière, elle est l’astre qui luit dans la nuit, dans la mort. Assimilée aux cieux, l’étoile est le but à atteindre, elle éclaire le chemin que l’âme doit emprunter. Elle peut symboliser la promesse d’une nouvelle vie : la lumière dans les ténèbres.
Si l’étoile à cinq branches comporte en son centre la lettre G, elle sera souvent accompagnée de l’équerre et du compas. L’ « étoile flamboyante » indique alors la tombe d’un compagnon du Tour de France ou d’un franc-maçon.
Sur une sépulture juive, l’étoile à six branches est le sceau de Salomon constitué de deux triangles inversés et entrecroisés.
Faux
La faux, outil servant à couper le foin, devient dans les mains du squelette, celle qui fauche les vies, sans distinction de rang social, semant une mort implacable rigoureusement égale pour les humains.
La faux est souvent associée au sablier(*) qui symbolise le temps qui s’écoule inexorablement. Ainsi, Chronos, dieu grec du Temps, ou Saturne, dieu romain du Temps, sont représentés sous les traits d’un vieil homme fatigué, à la barbe longue et grise, et portant une faux et un sablier.
A droite : symbole sur le fronton de la chapelle Saint-Roch avec faux, sablier ailé*, torche* et palmes*
Flamme, flambeau, torche, lampe
La flamme suggère la vie. Elle sort du flambeau ou de la lampe à huile(*). Le flambeau représente l’enveloppe corporelle humaine, et la flamme, l’âme qui s’échappe lors du décès. Elle est le souvenir vivace, la transmission.
Le flambeau retourné suggère la mort, puisque la flamme va s’éteindre par manque d’oxygène. Il peut aussi représenter l’espoir dans la Résurrection, car s’il est remis dans sa position normale, la flamme rejaillira.
On retrouve la flamme et le flambeau retourné sur les tombes de libres penseurs. La flamme symbolise alors la pensée qui permet d’orienter la marche dans les ténèbres ; celles-ci étant assimilées aux dogmes et à l’obscurantisme.
Lampe à huile
Lumière dans la nuit, la lampe à huile facilite le déplacement de l’âme dans la nuit, dans la Mort. La lampe proprement dite représente le corps humain tandis que la flamme devient l’âme qui s’échappe au moment du décès.
La lampe à huile peut aussi être le signe distinctif de la sépulture d’un libre penseur, la flamme étant alors plutôt identifiée à l’esprit.
A gauche : lampe tenue par une femme
Lierre
Ornement végétal à feuillage persistant très utilisé dans l’art funéraire, il est tressé en couronne ou utilisé en rinceau (rameau), à la fois symbole d’éternité et d’immortalité. Le lierre suggère également l’attachement au-delà de la mort ; insensible aux saisons, il symbolise la vie qui prend le dessus sur la mort.
Lyre
Attribut de Sainte Cécile, la patronne des musiciens, la lyre est représentée sur la sépulture de musiciens, de chanteurs, de compositeurs…
La lyre symbolisant l’inspiration poétique et musicale, on peut la retrouver sur la tombe des non croyants. Elle fait alors référence à Erato, Muse de la poésie lyrique et érotique et Terpsichore, Muse de la danse.
Dans la mythologie grecque, Orphée a reçu d’Apollon une lyre à sept cordes. Il en ajouta deux pour porter leur nombre à neuf, en hommage aux neuf Muses.
Lys
Généralement, il est la représentation de la pureté, de la virginité ou de l’innocence.
La tige du lys cassée symbolise la mort d’un nouveau-né ou d’un enfant. Dans certaines représentations, une colombe* – messagère de Dieu – vient briser d’un coup de bec la tige. Dans ce cas, la fleur peut représenter l’âme de l’enfant que l’oiseau acheminera au Ciel.
Mains unies ou alliance
L’alliance est le terme utilisé par les marbriers pour désigner deux mains qui se serrent, la main de devant dont l’annulaire porte une alliance étant celle d’une femme.
Cette bague, cercle parfait sans début ni fin, symbolise la permanence et l’attachement du couple malgré la mort.
Les poignets sont traditionnellement couverts par les manches de vêtements souvent caractérisées par de la dentelle pour les femmes et des boutons de manche pour les hommes.
Certaines représentations font surgir au poignet des volutes suggérant les cieux.
Objets liturgiques
Nombres de tombes de prêtres à Saint-Roch se présentent sous la forme d’un autel recouvert d’une nappe, brodée de dentelles. Sur ces tombes, on trouve les objets liturgiques utilisés lors de la célébration de la messe par le prêtre : le calice, la croix, le missel ouvert, la chasuble, la barrette (coiffure du prêtre) et l’étole (large bande d’étoffe). Portée par l’ecclésiastique sur ses épaules, l’étole symbolise la charge reposant sur le pasteur, à l’image du berger veillant sur son troupeau.
Aux angles de la tombe, on peut voir des palmes qui indiquent la victoire que le prêtre peut remporter sur le mal.
Œil et triangle
L’œil de la Providence ou l’« œil omniscient » est un symbole montrant un œil entouré par des rayons de lumière. Il est habituellement représenté dans un triangle dont les trois angles symbolisent le Père, le Fils et le Saint-Esprit dans les religions chrétiennes. Les rayons de lumière évoquent la sainteté et la divinité.
Il est généralement interprété comme la représentation de l’œil de Dieu exerçant sa surveillance sur l’Humanité. Son symbole est repris par plusieurs religions et sociétés philosophiques.
L’Œil de la Providence apparaît également dans l’iconographie de la franc-maçonnerie, au centre d’un triangle rayonnant parfois appelé « delta lumineux ».
A gauche : fronton avec œil dans un triangle entouré de lumière ; à droite : détail
Palme
La palme, attribut des premiers chrétiens martyrs, est le symbole de la victoire et du sacrifice. Elle décore régulièrement la tombe d’anciens combattants, de soldats et les monuments aux morts.
Liée aux honneurs, elle orne les sépultures de personnalités politiques, artistiques, scientifiques… qui se sont distinguées dans leurs fonctions.
Pavot
Le pavot symbolise le sommeil éternel et la mort avant la résurrection. La capsule, contenant l’opium, apparaît après la floraison. Ainsi, en fin de cycle, elle suggère la mort mais elle comporte les semences, promesses de renaissance. Sur certaines représentations, la fleur et la capsule sont réunies, évoquant la maturité, le déclin et la naissance, les grandes étapes de la vie.
Pensée
La pensée, présente sur les sépultures, évoque le souvenir du défunt.
On trouve cette fleur aussi bien sur les tombes de chrétiens que de libres penseurs.
Au XIXe siècle, les libres penseurs en ont fait leur emblème ; l’exercice de la pensée amenant au libre arbitre et à la résistance aux dogmes. Certains portaient la représentation de cette fleur à la boutonnière afin de préciser leur volonté qu’il ne soit pas fait appel à un prêtre en cas d’accident ou de mort subite et que les funérailles soient purement civiles.
Pleureuse
Elle est le symbole du chagrin inconsolable. Au début du XIXe siècle, les pleureuses en pierre ou en bronze se multiplient sur les sépultures. Généralement, les plis de l’aube épousent au plus près les formes féminines du corps rappelant le mythe d’Eros (dieu grec de l’amour) et Thanatos (dieu grec de la mort).
La pomme de pin
La pomme de pin symbolise l’immortalité de la vie végétative et animale, l’exaltation de la puissance vitale, le renouveau et la résurrection.
Raisin et vigne
Le motif de raisins sur des rameaux de ceps est très courant dans l’art funéraire. La vigne est la plante sacrée qui produit le vin, elle représente l’immortalité, la fertilité et la résurrection. Dans la symbolique chrétienne, le vin est le sang du Christ.
Le raisin est souvent accompagné de tiges de blé, suggestion du corps du fils de Dieu. Ensemble, les grappes de raisin et les tiges de blé représentent l’eucharistie. La grappe de raisin comporte une double image de mort et de vie, car il faudra la séparer du cep pour que, malaxée, elle donne le vin.
Rocaille
Dans la symbolique funéraire, une rocaille représente le Golgotha (voir « Crâne et os allongés« ), le mont sur lequel le Fils de Dieu a été crucifié. Elle sert souvent de support à la croix.
Rose
La rose est le symbole de l’amour et de la fragilité de la vie. Sur les stèles, elle est souvent présente seule, en bouquet ou en couronne.
Dans la religion catholique, la rose symbolise la Vierge Marie et, plus largement, la virginité.
La tige de la rose brisé évoque souvent le décès d’une jeune fille ou d’une jeune femme.
Sablier ailé
Le sablier ailé évoque le passage inexorable du temps ; chaque grain de sable représentant un jour de notre vie qui s’écoule.
Le sablier, instrument de la mesure du temps, porteur d’ailes de colombe ou d’ange, tous deux messagers de Dieu, représente l’âme du défunt montant au ciel.
Dans certains cas, ce peut être des ailes de chauve-souris, animal symbolisant la nuit et la mort.
Par son côté réversible, le sablier évoque la résurrection car si on le retourne, commence une nouvelle vie.
Saule pleureur
Par sa morphologie, le saule pleureur évoque la douleur et les larmes liées à la disparition d’un être cher. Par ailleurs, il évoque la renaissance par la facilité avec laquelle une branche arrachée (la mort) donne des racines (la vie) en étant plantée dans le sol.
Urne
L’urne funéraire est connue depuis la Haute antiquité. L’incinération était très répandue dans la Rome antique, l’urne conservant les cendres mortuaires.
L’urne représente l’enveloppe corporelle de l’âme. Elle symbolise la dernière maison du défunt mais aussi son corps et son âme dans son unité.
Elle est souvent drapée du voile du deuil.
Elle peut être aussi surmontée d’un fruit, suggérant alors la mort et la perspective d’une nouvelle vie.
Le langage secret des pierres tombales ou comment apprendre à décrypter certaines écritures
Abréviations des mois
Les dates des épitaphes peuvent être rédigées avec les abréviations 7bre, 8bre, 9bre et Xbre qui indiquent les mois de septembre, d’octobre, de novembre et de décembre.
Cette abréviation permettait aux curés dans les registres paroissiaux, aux notaires, et aux officiers d’état civil dans les registres, au XIXe siècle en particulier, de gagner du temps et de l’encre… et de la place sur les pierres tombales !
C’est un reliquat du calendrier Julien, qui a précédé le calendrier Grégorien, qui faisait commencer l’année au mois de mars ainsi le mois de septembre était le 7ème mois (7bre), etc.
Le calendrier Grégorien, que nous utilisons aujourd’hui, a été créé en 1582 par le pape Grégoire XIII pour corriger le retard que prenait le calendrier Julien sur le soleil, faisant commencer l’année au premier janvier.
décédée le 8 septembre 1853
décédé le 12 octobre 1847
décédé le 23 décembre 1833
Quelques acronymes
DOM –Deo Optimo Maximo – Au Dieu très bon et très grand.
IHS ou JHS –Iesus Hominur Salvator – Jésus Sauveur de l’Humanité. Les lettres de ce christogramme peuvent être entrecroisées.
ICHTUS –Iesous Christos Theou Uios Soter – Jésus Christ Fils du Dieu, Sauveur. Ce mot signifie poisson en grec
INRI – Iesus Nazarenus Rex Judaeorum – Jésus de Nazareth, Roi des Juifs. Cet acronyme est étroitement associé à la croix chrétienne, car les Romains l’avaient gravé sur celle que portait le Christ.
RIP – Requiesca(n)t in Pace. Locution latine issue de l’Office des morts qui signifie Qu’il(s) repose(nt) en paix. On note par ailleurs que les versions italiennes Riposi In Pace et anglaise Rest in Peace de cette expression conservent les mêmes initiales.
XP = le chrisme – Il est constitué des lettres grecques Chi (X) et Rhô (P), les deux premières lettres du mot grec Χριστός qui signifie Christ, le X apposé sur le P.